NOW FUTURE |
> par Laurent Minguet |
- Bâtiment thermo-efficace
- Argumentaire en faveur
des toits plats
Il
existe deux méthodes complémentaires pour enrichir votre ménage.
La
première consiste à augmenter vos revenus en
cherchant un travail mieux rémunéré ou en faisant des heures
supplémentaires. Cest le modèle compétitif.
Hélas, il nest pas toujours aussi aisé de gagner
davantage dargent, car nous navons pas les
qualifications requises pour décrocher un emploi par ailleurs de
plus en plus rare.
La
deuxième méthode consiste à diminuer vos dépenses
sans nécessairement réduire votre niveau de vie. Par exemple,
en consommant davantage de poulet et moins de buf, vous allégerez
votre addition autant que votre taux de cholestérol. De la même
manière, arrêter de fumer diminuera vos dépenses en améliorant
votre santé. En retrouvant votre souffle et votre odorat, votre
qualité de vie augmentera également. Avec une voiture plus économe
en carburant, en décidant dhabiter moins loin de votre
lieu de travail, vous pouvez aussi économiser de largent
tout en augmentant votre qualité de vie entravée par de longues
navettes quotidiennes. Cest le modèle de lefficience :
« faire plus avec moins ».
Ces
choix microéconomiques sont également bons pour la macroéconomie
de votre région. En évitant limportation dune tonne
de pétrole, on conserve plus de 250 EUR de richesse et
probablement davantage dans le futur. Cette richesse peut alors
être utilisée à des dépenses plus pertinentes que daugmenter
le taux de CO2 atmosphérique comme la santé, léducation,
lenvironnement...
Le
chauffage des bâtiments est probablement le gisement déconomie
le plus évident à mettre en uvre. En effet, la Belgique
consomme chaque année plus de 14 millions de tonnes équivalent
pétrole pour ses bâtiments, lanterne rouge defficacité
énergétique en Europe.
La
facture sélève donc à plus de 4 milliards deuros.
Le double si nous revenions au prix des années 81-83 (en monnaie
constante).
La
solution est de construire des bâtiments thermo-efficaces dont
le besoin en chauffage est quatre fois moindre que la plupart des
constructions. En Belgique, un immeuble moyen requiert 100 kWh/m2
par an pour le chauffage soit plus de 10 litres de pétrole par m2.
La construction thermo-efficace nécessite seulement 25
kWh/m2/an soit moins de 3 litres de pétrole
par m2.
Ainsi,
pour chauffer une maison de 350m2, il suffira dun
m3 de mazout par an. Au prix actuel du mazout, environ
400 EUR le m3, cela représente une économie de plus de
1.000 EUR chaque année.
Ce
genre de maison existe depuis plusieurs années. Il fait appel
aux principes de construction bio-climatique connus depuis des décennies ainsi
quà des technologies plus récentes de régulation électronique
la domotique et des matériaux isolants plus
performants.
En
gros, cela consiste à placer des grandes baies vitrées au sud
et minimiser les fenêtres au nord où larchitecte localise
les pièces dont la température peut être plus basse comme le
garage, le hall, les débarras,... La ventilation y est bien
contrôlée pour un air de qualité sans trop dhumidité ni
de CO2. Lhabitation est également conçue pour éviter un
excès de température en été. En période de canicule, elle se
refroidit naturellement par circulation dair frais pendant
la nuit. Il ny a donc pas besoin de climatisation gourmande
en électricité.
Autant
que possible, la lumière naturelle est diffusée dans le bâtiment
pour réduire les besoins en éclairage artificiel. Ce bâtiment
est donc avant tout confortable et sain.
La
domotique ajoute au confort en faisant réaliser des économies dénergie.
Par exemple, les lampes sallument automatiquement sur votre
passage pour vous éviter le tracas dallumer et déteindre
sans arrêt. Le chauffage des pièces est programmé pour éviter
de chauffer inutilement un local vide, mais les détecteurs de présence
rétabliront automatiquement le chauffage dès que vous y êtes.
De même, le système de chauffage se coupera si vous oubliez de
fermer une fenêtre en plein hiver afin déviter de
chauffer la rue ou le jardin.
Esthétiquement,
la maison thermo-efficace nest pas très différente des
maisons traditionnelles. Elle est réalisée avec des briques ou
des blocs, du béton, du bois, des doubles vitrages,...mais un
soin particulier est donné pour réaliser une bonne isolation,
éviter les ponts thermiques, les infiltrations dair,...
Le
système de chauffage peut être traditionnel - cest-à-dire
au gaz ou au mazout - mais les faibles besoins en énergie
permettent la mise en uvre dun système de pompe à
chaleur par chauffage au sol ou un chauffage au bois.
Toute
autre chose étant égale, lapplication de ces techniques naugmente
pas ou peu le coût de la construction par rapport aux techniques
traditionnelles. Par contre, léconomie cumulée sur la vie
du bâtiment typiquement une centaine dannées
pourrait dépasser son coût.
Ainsi,
le bâtiment thermo-efficace est prévu pour affronter les
hausses inéluctables du prix de lénergie aussi bien électrique
que fossile dont certains pensent quil pourrait tripler
dici 2020. Dans ce cas, la facture énergétique dun
bâtiment traditionnel dépasserait les 4.000 EUR par an.
200.000 EUR sur 50 ans durée de vie minimale de la
construction.
Il
est clair que la valeur de revente dun bâtiment thermo-efficace
sera nettement supérieure à un bâtiment quelconque si cher à
chauffer. Exactement comme les voitures doccasion
consommant beaucoup se revendent plus mal que les véhicules plus
sobres. En tant que propriétaire, vous préservez la valeur de
votre patrimoine. Si vous louez votre bien, vous trouverez plus
facilement des locataires prêts à payer un peu plus cher pour bénéficier
dune facture dénergie plus basse. Tout le monde y
gagne.
De
plus, les économies dénergie ménagent la planète. Moins
de CO2, cest moins de perturbations climatiques liées à leffet
de serre. Cela permet de diminuer les nuisances dues au transport
et à lutilisation des carburants : marées noires,
encombrements routiers, pollutions de lair provoquant
troubles respiratoires et cancers.
Un bâtiment
thermo-efficace vous procure aussi le plaisir de participer concrètement
au développement durable.
Si
toutes les constructions en Belgique étaient thermo-efficaces,
nous réaliserions une économie de plus de 3 milliards dEUR
chaque année soit plus de 90.000 emplois directs, car ce qui nest
pas dépensé en fumée pourrait lêtre en service ou en
investissement.
En
effet, la mise en uvre de ces principes permet le développement
de technologies durables dans des nouvelles entreprises.
Dautres
pays européens comme la Suède nous ont devancés dans cette réflexion
avec des bâtiments moins énergétivores malgré un climat plus
rude. LEurope a dailleurs transcrit ces idées dans
une directive qui sera dapplication entre 2006 et 2009
visant à respecter le protocole de Kyoto ainsi quà rendre
lEurope moins sensible au coût de lénergie.
De
plus en plus de promoteurs, darchitectes, de corps de métiers
sont informés par les actions de la Région Wallonne concrétisées
dans le programme « Construire avec lénergie ».
On
me demande souvent sil est possible datteindre ces
performances avec des bâtiments existants. Cest, hélas,
plutôt lexception que la règle. En effet, il nest
quasi pas possible de soulever une maison pour lisoler
correctement du sol, ni de pratiquer des coupes chirurgicales
pour se débarrasser de tous les ponts thermiques, ni de la réorienter
vers le sud, etc. Bien entendu, le patrimoine immobilier peut
avoir davantage de valeur que quelques tonnes de pétrole. Nous nallons
pas reconstruire des églises gothiques thermo-efficaces. Mais
dans le cas de vieux bâtiments quelconques, il est nettement
plus économique den construire de nouveaux que de tenter
de les transformer en profondeur. De plus, les performances
atteintes niront guère au-delà dune consommation
annuelle de 5 litres par m² au lieu de 3 litres pour un thermo-efficace.
Curieusement,
la TVA sur les nouvelles constructions est de 21
% alors quelle nest que de 6 %
sur la rénovation de bâtiments existants. Involontairement, le
gouvernement guide le consommateur davantage vers le rafistolage
que la bonne solution dans la plupart des cas. Il aurait pourtant
intérêt à favoriser ce type de construction afin denrichir
le pays tout en créant un emploi moyennement à peu qualifié,
difficilement délocalisable.
Il
existe bien entendu une kyrielle de primes pour améliorer lefficacité
énergétique des bâtiments, mais elles sont chacune limitées
à quelques centaines deuros et ne favorisent pas davantage
les bâtiments thermo-efficaces que les anciens.
Lensoleillement
dun bâtiment thermo-efficace est crucial. Certaines règles
durbanisme doivent être adaptées afin de loptimiser.
Ainsi, la construction de nouvelles voiries doit privilégier la
direction est-ouest pour permettre dorienter la façade
captive au sud. Dans le cas de voiries existantes, il faut
permettre dorienter les bâtiments par rapport au soleil.
Une utilisation rationnelle des sols et des matériaux conduit à
privilégier la toiture plate souvent boudée par ladministration
pour des raisons discutables (voir article). Ici également, ladministration
et le monde politique a son rôle à jouer pour améliorer notre
ordinaire.
Un
autre intérêt de promouvoir ce type de bâtiment est de
favoriser des développements technologiques comme les échangeurs
de chaleur, les convertisseurs de courant, les panneaux solaires
thermiques et photovoltaïques, la microcogénération, le
chauffage au sol, la domotique de régulation et déconomie
dénergie. Bien sur, certaines de ces technologies existent
déjà, mais doivent être développées. Cette technologie est
souvent associée à un service local pour assurer le support et
la maintenance. Dailleurs, si le bâtiment utilise
davantage de technologie, un entretien régulier par un spécialiste
polyvalent sera plus efficace et surtout moins coûteux que les
interventions actuelles quon sollicite, en général, quand
le problème apparaît. Beaucoup de personnes ont le même
comportement avec leur propre corps. Il consulte quand « cela
fait mal » aux dents, au ventre, à la tête...souvent trop
tard. Il vaut nettement mieux prévenir que guérir comme une
automobile requiert un examen de contrôle à intervalle régulier
et pas uniquement quand on coule une bielle ou quon crève
un pneu.
Un métier
du futur sera le spécialiste du bâtiment qui inspectera chaque
année tous les équipements pour les régler, changer les pièces
usuelles et réorienter vers un spécialiste en cas de problèmes
graves ou complexes.
Le
modèle de lefficience génère en effet beaucoup demplois
locaux à linverse du modèle compétitif qui tend à délocaliser
la main duvre dans les pays où elle est moins chère
car on y pratique souvent un dumping social ou environemental.
Lavenir
est ce que nous en ferons...si on nous laisse faire.
Laurent
MINGUET
25
mars 2005
Email :
laurent « at » minguet.be
Nous
devons accorder une attention particulière à lefficacité
énergétique des bâtiments afin de réduire la consommation de
chauffage ainsi que la consommation électrique. Ceci notamment
en prévision de la transposition de la directive européenne sur
les performances intégrées des logements approuvée fin 2002
ainsi que laugmentation du coût des énergies fossiles et
le respect du protocole de Kyoto.
Les
bâtiments doivent donc soigner particulièrement lisolation
de la toiture, valoriser lénergie solaire passive et
active.
A
volume chauffé égal, le toit plat revient nettement moins cher
à isoler que le toit en pente.
De
plus, sa moindre hauteur limite lombre portée du bâtiment
ce qui permet de rapprocher lhabitation voisine située au
nord à 4 fois la hauteur du bâtiment situé au sud - et
donc de concentrer lhabitat. Par exemple, une toiture de 10m
de base dont la pente est de 45° sélève à 3,5 mètres,
ce qui impose au bâtiment nord de sécarter de 14 mètres
supplémentaires. Pour les habitations construites sur deux
niveaux, il faudra consommer inutilement plus de 50% despace
entre les bâtiments pour éviter lombre des toits en pente.
Sous
nos latitudes, le solaire actif cherche à optimiser la captation
en période hivernale. Ceci impose des inclinaisons de 60°-65°
de panneaux solaires orientés plein sud. La pente de la toiture,
généralement comprise entre 25° et 45°, nest donc pas
idéale. Le toit plat permet de positionner parfaitement le
panneau solaire au milieu du toit. On peut également y installer
dautres éléments techniques comme une antenne satellite
ou des capteurs photovoltaïques (PV) dont on peut augmenter le
rendement en modifiant linclinaison tout au long de lannée.
Le
toit plat permet dinstaller une toiture végétale ou un
système de refroidissement par lame deau en période de
canicule. Ces techniques permettent de refroidir le bâtiment
sans y installer de climatiseur limitant ainsi la consommation en
électricité.
Le
toit plat peut également être utilisé comme zone dagrément,
solarium ou observatoire pour les amateurs dastronomie.
Avec
le solaire actif, le bâtiment nécessite une maintenance régulière
au niveau du toit. Grâce à son accès aisé, le toit plat
renforce la sécurité des techniciens. Environ 10% des décès
dans le secteur de la construction sont causés par les chutes de
toits, plus de 50 personnes. Beaucoup de ces drames pourraient être
évités grâce aux toits plats et aux habitations peu élevées.
Au
XX e siècle, de grands architectes comme Le Corbusier ont
souvent utilisé le toit plat ainsi que les liégeois Englebert ,
Vandenhove, lEquerre ...
«
Nous ne pouvons pas exclure le toit plat pour de seules raisons
esthétiques, en niant ses nombreux avantages socio-économiques
et techniques »
Il y
a vingt ans, les constructeurs automobiles nous ont proposé des
véhicules aérodynamiques. Certains ont été perturbés par ces
formes bizarres et novatrices. Nous viendrait-il à lidée
de les interdire pour cette seule raison ?
Il
est dailleurs curieux que linstallation de
climatiseurs, de halls industriels, dantennes satellite, de
garages, denseignes qui ne constituent pas des plus values
esthétiques pour les bâtiments soient accueillis avec davantage
de bienveillance.
Lintérêt
social, économique et environnemental doit retrouver sa place réelle
par rapport à un problème esthétique mal posé et mal résolu
si lon juge la qualité architecturale de nombreuses villas
à toit pentu.
Aujourdhui,
nous navons pas les moyens de badiner avec léconomie
et la santé publique.
Laurent
MINGUET
Email :
laurent « at » minguet.be